Les chiffres du chômage
pour le mois de janvier 2015 ont été publiés fin février. Dans la
plupart des media, il a été fait état d' « une baisse
de 19.100 chercheurs d'emploi ». Le Figaro a titré « Baisse record du chômage en janvier », Challenges "Le chômage connait sa première baisse en six mois" et France-Info de se réjouir de l'« embellie » sur le « front de l'emploi ».
Ces chiffres montrent une "évolution favorable" mais il faut "rester prudent".
Sauf que, comme
d'habitude et comme expliqué en détail lors d'un article précédent,
les chiffres commentés ne concernent que les chômeurs dits de
catégorie A résidant en France métropolitaine, cette catégorie de
chômeurs représentant moins de 60% de la statistique officielle en
la matière.
Ce chiffre occulte notamment (mais pas
seulement) les catégories suivantes:
- les chômeurs de catégorie B de France métropolitaine
- les chômeurs de catégorie C de France métropolitaine
- les chômeurs de catégorie D de France métropolitaine
- les chômeurs de catégorie E de France métropolitaine
- les chômeurs de catégorie A, B, C, D et E des DOM-TOM
- les jeunes diplômés en recherche d'emploi non-inscrits à Pôle Emploi
- les chômeurs radiés de Pôle Emploi toujours en recherche d'emploi
Scène du jeu de bonneteau
L'analyse de ces chiffres - publiés très officiellement sur le site de ministère du travail - réserve plusieurs surprises :
1) Le nombre de chômeurs
de catégorie C de France métropolitaine a littéralement explosé
au mois de janvier : +3,4% soit 35.000 individus de plus, ce
qui, couplé aux hausses du nombre de chômeurs de catégorie D
suffit largement à compenser la baisse observée pour les catégories
A et E (le chiffre de la catégorie B étant inchangé). Le nombre
total de chômeurs de catégorie A, B, C, D et E pour la France
Métropolitaine a augmenté de 14.600 entre décembre et janvier,
portant leur nombre à 5.892.500 chômeurs.
Sur la même période, en incluant les DOM-TOM,
le nombre de chômeurs de catégorie A, B, C, D et E a augmenté de
14.000 portant leur nombre total à 6.219.800 chômeurs.
De plus, pour le seul
mois de janvier, 306.200 chômeurs ont été radiés de Pôle Emploi,
dont 207.600 pour « défaut d'actualisation » et 47.700
pour « radiations administratives ». S'il n'est pas
contestable qu'un certain nombre de ces radiations sont légitimes du
point de vue administratif, en revanche il paraît pour le moins
optimiste de considérer que ces 255.300 chômeurs ne se retrouvent
subitement plus en situation de recherche d'emploi.
Les bons chiffres de janvier: "un encouragement à poursuivre".
On est en droit de
s'interroger sur les raisons pour lesquelles les journalistes des
principaux media reprennent ces chiffres sans les analyser et
présentent une hausse statistique incontestable du nombre des
chômeurs en France comme une baisse. Aussi inquiétant, le manque
de réaction de l'opposition politique, visiblement peu soucieuse de
dénoncer cette désinformation patente alors qu'à première vue
elle aurait tout intérêt à le faire. A moins qu'elle n'ait dans
l'idée de recourir aux mêmes subterfuges une fois revenue aux
affaires... cette hypothèse faisant porter un nouveau et lourd soupçon sur la
qualité et la moralité des élites politiques du pays.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire