dimanche 8 mars 2015

Vraie fausse "embellie" sur le front de l'emploi ?

Les chiffres du chômage pour le mois de janvier 2015 ont été publiés fin février. Dans la plupart des media, il a été fait état d' « une baisse de 19.100 chercheurs d'emploi ». Le Figaro a titré « Baisse record du chômage en janvier », Challenges "Le chômage connait sa première baisse en six mois" et France-Info de se réjouir de l'« embellie » sur le « front de l'emploi ».

Ces chiffres montrent une "évolution favorable" mais il faut "rester prudent".

Sauf que, comme d'habitude et comme expliqué en détail lors d'un article précédent, les chiffres commentés ne concernent que les chômeurs dits de catégorie A résidant en France métropolitaine, cette catégorie de chômeurs représentant moins de 60% de la statistique officielle en la matière.

Ce chiffre occulte notamment (mais pas seulement) les catégories suivantes:
  • les chômeurs de catégorie B de France métropolitaine
  • les chômeurs de catégorie C de France métropolitaine
  • les chômeurs de catégorie D de France métropolitaine
  • les chômeurs de catégorie E de France métropolitaine
  • les chômeurs de catégorie A, B, C, D et E des DOM-TOM
  • les jeunes diplômés en recherche d'emploi non-inscrits à Pôle Emploi
  • les chômeurs radiés de Pôle Emploi toujours en recherche d'emploi
Scène du jeu de bonneteau

L'analyse de ces chiffres - publiés très officiellement sur le site de ministère du travail - réserve plusieurs surprises :

1) Le nombre de chômeurs de catégorie C de France métropolitaine a littéralement explosé au mois de janvier : +3,4% soit 35.000 individus de plus, ce qui, couplé aux hausses du nombre de chômeurs de catégorie D suffit largement à compenser la baisse observée pour les catégories A et E (le chiffre de la catégorie B étant inchangé). Le nombre total de chômeurs de catégorie A, B, C, D et E pour la France Métropolitaine a augmenté de 14.600 entre décembre et janvier, portant leur nombre à 5.892.500 chômeurs.

Sur la même période, en incluant les DOM-TOM, le nombre de chômeurs de catégorie A, B, C, D et E a augmenté de 14.000 portant leur nombre total à 6.219.800 chômeurs.

De plus, pour le seul mois de janvier, 306.200 chômeurs ont été radiés de Pôle Emploi, dont 207.600 pour « défaut d'actualisation » et 47.700 pour « radiations administratives ». S'il n'est pas contestable qu'un certain nombre de ces radiations sont légitimes du point de vue administratif, en revanche il paraît pour le moins optimiste de considérer que ces 255.300 chômeurs ne se retrouvent subitement plus en situation de recherche d'emploi.


Les bons chiffres de janvier: "un encouragement à poursuivre".

On est en droit de s'interroger sur les raisons pour lesquelles les journalistes des principaux media reprennent ces chiffres sans les analyser et présentent une hausse statistique incontestable du nombre des chômeurs en France comme une baisse. Aussi inquiétant, le manque de réaction de l'opposition politique, visiblement peu soucieuse de dénoncer cette désinformation patente alors qu'à première vue elle aurait tout intérêt à le faire. A moins qu'elle n'ait dans l'idée de recourir aux mêmes subterfuges une fois revenue aux affaires... cette hypothèse faisant porter un nouveau et lourd soupçon sur la qualité et la moralité des élites politiques du pays.