mardi 17 janvier 2017

Le spectre de la remontée des taux

Après une période inédite de politique de taux négatifs impulsée par la BCE, semble désormais s'amorcer une phase de hausse des taux. Cette nouvelle donne ne manquera pas d'impacter les particuliers, les entreprises et les institutions bancaires.



Banques : le ouf ! de soulagement
Les taux négatifs ont largement fragilisé les banques car une partie significative de leurs capital fondait progressivement sous la négativité des taux directeurs. Dans le même temps, ces faibles taux ne permettaient pas aux banques de constituer des bénéfices significatifs sur l'activité de prêt aux particuliers et aux entreprises. Pour tout l'écosystème bancaire, la hausse des taux va avoir pour effet un rétablissement au moins partiel des marges, et au niveau macroéconomique par voie de conséquence le renforcement du système bancaire. Ce qui va permettre d'éloigner au moins temporairement la menace de faillite systémique jamais vraiment écartée depuis 2008.


Entreprises : une mauvaise nouvelle... sauf si...
Le contexte de taux bas voire négatifs favorise à première vue les entreprises pour leurs projets d'investissements. Sauf que la déstabilisation des banques a eu pour conséquence une situation de credit-crunch relatif, éloignant de fait les dossiers et les entreprises disposant des garanties les moins fortes de la possibilité même de se faire prêter de l'argent. Un scénario optimiste consiste à imaginer que les banques, revigorées par la hausse des taux, se mettent à prêter plus facilement, entretenant une dynamique vertueuse de croissance, et compensant ainsi l'effet négatif de la remontée des taux.




Particuliers : risque maximal sur l'immobilier
Les français placent principalement leurs économies sur des livrets bancaires réglementés et sur les fonds en euros de leur assurance-vie. La remontée des taux va avoir un effet positif direct sur le rendement des obligations et donc des fonds en euros. Elle devra toutefois s'accompagner d'une remontée de l'inflation pour permettre une remontée des taux de rémunération des livrets réglementés. 
Par contre, la remontée des taux - surtout si elle brutale - risque de mettre fortement sous pression le secteur immobilier. En effet, la quasi-stagnation des prix observée dans un contexte de baisse des taux entre 2007 et 2016 fait penser qu'il y existait bien une bulle immobilière et que celle-ci a profité de la (très) progressive baisse des taux pour commencer à se dégonfler. 
 


Que va-t-il se passer lorsque les taux vont remonter ? On voit difficilement comment les prix pourraient se maintenir alors que les particuliers profitent déjà à plein de leur capacité d'emprunt. Sans une vigoureuse reprise économique, la hausse des taux devrait conduire inexorablement à un affaissement de l'immobilier, secteur qui, couplé à celui de la construction, et en dehors des centre-ville des très grandes métropoles, connaît une forte dépression depuis près de dix ans.