D'abord sur la dette
La dette publique
française, c'est-à-dire le montant des sommes empruntées et
restant à rembourser par l'état français, les collectivités
territoriales et la sécurité sociale, a atteint le chiffre de 2.000
milliards d'euros mardi 30 septembre 2014.
Ce chiffre représente
une dette de 30.000€ par français, l'équivalent de plus de 50
années de recettes fiscales, et se monte désormais à 95,1% du
Produit Intérieur Brut, c'est-à-dire la somme totale des richesses
produites annuellement en France. Le projet de Finances pour 2015
prévoit une dette équivalente à 98% du PIB pour 2016. A titre de
comparaison, en 2000 la dette se montait à 58% du PIB, contre 34% en
1990 et 21% en 1980.
Le cap des 1.000
milliards d'euros avait lui été franchi en 2004. Il n'aura donc
fallu que 10 ans pour multiplier la dette par deux. Aujourd'hui, le
seul remboursement des intérêts de la dette coûte chaque année à
l'état 50 milliards d'euros, soit plus de 15% du budget de la
nation, ce qui en fait le premier poste de dépense devant le budget
de l'éducation nationale. Mais le coût total du service de
la dette, incluant le
remboursement du capital emprunté est lui supérieur à 300 milliards d'euros,
soit une somme supérieure au budget total de fonctionnement de l'état !
Pour y faire face, que font l'état et les collectivités ?
Ils empruntent à nouveau, creusant chaque année les déficits et alourdissant le poids
de la dette. CQFD.
Sur le déficit et la croissance
La dette publique n'est que la somme des déficits publics annuels. Ces déficits sont chroniques depuis 1974, quelles que soient les sensibilités politiques des majorités au pouvoir.
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Les élus ne sont pas
parvenus à voter un seul budget (réellement) à l'équilibre depuis
40 ans. Ils en ont pourtant à la fois la responsabilité, la
légitimité et la capacité. En clair, au niveau national, il s'est
trouvé tous les ans depuis 1974 une majorité de députés français
pour voter des budgets basés sur des hypothèses irréalistes soit
en matière de recette (presque toujours majorées), soit de dépenses
(toujours minorées).
En 2014, rien n'a changé : le budget 2015 a été élaboré sur une prévision de croissance de 1% pour 2015 (contre 0,4% en 2014), 1,7% pour 2016 et 1,9% pour 2017, sans que l'on sache bien d'où viendrait cette subite embellie économique, à l'heure où les prévisions de croissance en Europe en général et en Allemagne en particulier se font particulièrement moroses.
La chute tendancielle de la croissance n'est pas assimilée ou acceptée par les politiques
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Résultat :
les recettes sont systématiquement inférieures aux prévisions.
Côté dépenses, les exécutifs ont montré leur incapacité à stabiliser l'inexorable montée des dépenses en proportion de la richesse produite, comme le montre l'édifiante infographie ci-dessous:
Côté dépenses, les exécutifs ont montré leur incapacité à stabiliser l'inexorable montée des dépenses en proportion de la richesse produite, comme le montre l'édifiante infographie ci-dessous:
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Pris en étau tous les
ans entre des prévisions de recette irréalistes et des dépenses
qui augmentent de façon incontrôlée, les comptes publics
sont structurellement déficitaires et viennent chaque année creuser
un peu plus la dette et asphyxier le budget des exécutifs locaux et
de l'état.
Ce mode de gestion, qui mènerait en quelques années n'importe quel citoyen à la rue, et n'importe quelle entreprise à la banqueroute, les élites politiques françaises, au niveau local et national, l'ont adopté dans la durée.
Au final, la réussite apparente du modèle social français au cours des 50 dernières années, matérialisé par des salaires et des prestations sociales élevées, la durée hebdomadaire du travail la plus faible au monde (35h) et un nombre élevé de jours de congé, aura été largement financée par des déficits annuels récurrents et importants. Et ceux-ci auront généré une dette aujourd'hui à peu près hors de contrôle.
Dans le meilleur des cas, la dette sera remboursée par les descendants de ceux qui en ont bénéficié, ce qui constitue au minimum un grave scandale moral. Dans le pire des scénarios, cette dette entraînera rapidement la France vers la déflation, la paupérisation, le déclassement assortis de très graves troubles politiques et sociaux, en même temps que se défera ce qui restait d'idéal européen.
Ce mode de gestion, qui mènerait en quelques années n'importe quel citoyen à la rue, et n'importe quelle entreprise à la banqueroute, les élites politiques françaises, au niveau local et national, l'ont adopté dans la durée.
Au final, la réussite apparente du modèle social français au cours des 50 dernières années, matérialisé par des salaires et des prestations sociales élevées, la durée hebdomadaire du travail la plus faible au monde (35h) et un nombre élevé de jours de congé, aura été largement financée par des déficits annuels récurrents et importants. Et ceux-ci auront généré une dette aujourd'hui à peu près hors de contrôle.
Dans le meilleur des cas, la dette sera remboursée par les descendants de ceux qui en ont bénéficié, ce qui constitue au minimum un grave scandale moral. Dans le pire des scénarios, cette dette entraînera rapidement la France vers la déflation, la paupérisation, le déclassement assortis de très graves troubles politiques et sociaux, en même temps que se défera ce qui restait d'idéal européen.