dimanche 6 décembre 2015

Curieux volte-face de l'éxécutif sur la question du déficit suite aux attentats du 13 novembre

Candidat à l'élection présidentielle de 2012, François Hollande s'était engagé à réduire le déficit public de la France en-dessous de 3% du PIB dès 2013.


Une fois élu, cette promesse fut rapidement repoussée à 2014, avant que le gouvernement n'annonce officiellement en septembre 2013 qu'elle ne serait atteinte qu'en 2015. 

Septembre 2014, le même gouvernement annonce un nouveau report, cette fois pour 2017, soit la dernière année du quinquennat Hollande. En 2012, François Hollande s'était pourtant engagé à ce qu'en 2017, la France atteigne un déficit de 0%.

Jeudi 5 novembre 2015, la Commission européenne présente ses nouvelles prévisions économiques qui font état d'un déficit probable à 3,3% pour la France en 2017. Cris d'orfraie du gouvernement qui, par l'intermédiaire de Michel Sapin, fait savoir que "la France répondra bien présent à ses engagements [des 3%]".


Le 13 novembre surviennent les attentats de Paris. Au congrès réuni à Versailles, François Hollande affirme : "le pacte de sécurité l'emporte sur le pacte de stabilité" [et donc son objectif de 3%]. Mardi 17 novembre, Manuel Valls confirme sur Radio-France que les 3% de déficit pour 2017 "seront forcément dépassés" à cause des dépenses supplémentaires rendues nécessaires suite aux attentats. Obtenant le jour-même un communiqué compréhensif de Bruxelles.

Pourtant, l’exécutif va opérer un curieux volte-face la semaine suivante sur le sujet, faisant annoncer par Michel Sapin le 26 novembre que les dépenses prévues pour renforcer les missions régaliennes de l'état "ne remettront [finalement] pas en cause les engagement budgétaires pris par la France vis-à-vis de Bruxelles".

Christian Eckert et Michel Sapin

Que s'est-il passé entre ces deux dates ? Pourquoi le gouvernement, qui venait d'obtenir un satisfecit de la commission sur un nouveau report de ses objectifs  a-t-il pris le risque de revenir à son objectif précédent ? 

On peut à ce stade imaginer deux hypothèses.

Hypothèse 1 : les signaux économiques auxquels a accès l’exécutif sont tellement positifs qu'il pense que l'objectif de 3% pour 2017 est finalement atteignable même avec les dépenses supplémentaires liées aux attentats.

Hypothèse 2 : François Hollande estime que la confirmation de ce nouveau report mettrait en péril ses chances de réélection en 2017 et préfère donc revenir à un plan de communication plus vertueux pour les finances publiques, tout en sachant que cet objectif ne sera une nouvelle fois pas atteint.

Chacun pourra se faire son avis, sans oublier de prendre en considération le fait que le niveau du déficit pour 2017 ne sera de toute façon connu qu'après l'élection présidentielle de 2017...