Le « High Yield »
désigne le compartiment des marché financiers rassemblant les
sociétés cotées les plus risquées. On y trouve beaucoup de
start-ups sans bénéfice – parfois même sans chiffre d'affaires
–, ainsi que des entreprises en difficulté chronique pour
lesquelles les investisseurs vont exiger une récompense
proportionnelle au risque encouru. Suivant les conjonctures, on
pouvait facilement y trouver jusque récemment des opportunités de
rendement supérieurs à 5% voire à 10%.
Cette semaine, et selon
Bank of America, pour la première fois dans l'histoire des marchés
financiers, des obligations (dettes d'entreprises) high yield ont
coté en territoire négatif. Cela signifie que pour prêter de
l'argent à ces entreprises risquées, les investisseurs ont accepté
le principe de payer une prime annuel. Soit l'exact contraire de
l'orthodoxie économique établissant que c'est à l'emprunteur de
payer une prime au prêteur et non à ce dernier.
Les investisseurs
européens s'étaient déjà habitués à placer leur argent en
obligations d'état à des taux négatifs. Ainsi accepte-t-on déjà
de prêter à l'Allemagne à un taux négatif jusqu'à une maturité
de dette de 20 ans, à la France (jusqu'à 10 ans), et plus
étonnamment à l'Espagne (jusqu'à 5 ans inclus).
La contamination des taux
négatifs ou nuls au segment de la cote présentant en principe les
rendements les plus élevés ne revêt pas seulement un caractère
symbolique. Le risque de japanisation de l'économie mondiale apparaît aujourd'hui bien réel.
Pour mémoire la banque centrale du japon, en
raison de craintes récessionnistes avait baissé son taux directeur
de 6% en 1993 à 0% en 1999. Depuis 20 ans, ce taux n'a jamais pu
être durablement relevé (il est aujourd'hui de -0,1%),
faisant craindre pour les économies occidentales un scénario de
taux nul et d'atonie économique de long terme dont personne – en tout cas au Japon - ne sait vraiment comment il est possible
de sortir.
Taux directeur de la Banque Central du Japon depuis 1991